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Édouard Levé Imprimer
Né à Neuilly-sur-Seine (F) le 1er janvier 1965, Édouard Levé s’est suicidé le 15 octobre 2007, âgé de 42 ans. Quelques jours avant sa mort, il avait remis à son éditeur, Paul Otchakovsky-Laurens, un manuscrit intitulé Suicide.

Édouard Levé était peintre, photographe et écrivain. Il a pratiqué la peinture de 1991 à 1996 puis a cessé de peindre pour se consacrer à la photographie et à l’écriture. Il a exposé dans de nombreuses galeries à Paris, notamment à la Galerie Loevenbruck, et dans toute la France. Il a participé à de nombreuses expositions collectives à Paris, Rome, Helsinki, ... En 2004, il a été lauréat de la Villa Médicis Hors-les-Murs. Son travail photographique a fait l’objet de nombreuses monographies (Amérique, Fictions, Angoisse, Reconstitutions). Il est également auteur de quatre livres, publiés aux Éditions P.O.L, et qui ne sont ni des romans, ni des essais, ni de la poésie, ni des récits, mais plus probablement des inventaires, à l’exemple de Perec et de son Je me souviens. Ses quatre œuvres littéraires portent les noms de Œuvres, Journal, Autoportrait et enfin Suicide.

 

Œuvres est un catalogue d’œuvre d’art dont l’auteur a eu l’idée, mais qu’il n’a pas réalisé. Journal est comme son nom l’indique une sorte de journal d’informations, qui contient différents chapitres : « International », « Société », « Economie », et même des programmes TV. Il s’agit de nouvelles que l’auteur a glanées dans la presse et qu’il a réécrites, en prenant soin d’ôter toute référence à des noms de lieux, d’entreprises, de pays ou de personnalités. Privés de leurs référents, les faits ainsi relatés gagnent en violence ou en stupidité ce qu’ils perdent en réalité : par un effet de distanciation, la trivialité des programmes TV, la violence des conflits ou la malhonnêteté des grands patrons et des dirigeants politiques deviennent bien plus criantes.

 

Le travail photographique d’Édouard Levé s’apparente à ce qu’il a réalisé pour Journal: ainsi par exemple, dans Reconstitutions, une série de photographies en couleur, il reconstitue des scènes tirées des actualités, des matchs de rugby, et même de films pornographiques, avec des figurants habillés en costumes de ville, aux visages doucement impassibles. En ôtant à la représentation de la réalité les signes que nous reconnaissons en premier lieu, il nous permet paradoxalement de mieux la voir. Ainsi les scènes de rugby ou de pornographie deviennent des ballets abstraits, les conférences de presse de dirigeants politiques évoquent de mauvaises mises en scène destinées à contrôler l’image et à préserver les intérêts de ceux qui les ont conçues.

 

Autoportrait et Suicide, s’ils adoptent eux aussi un ton que l’on pourrait qualifier de « froid » (Édouard Levé dit rêver d’une écriture « blanche »), font preuve d’une plus grande ambition et d’une certaine maturité littéraire. L’auteur photographe adopte ici un style extrêmement net, sans affect, d’une grande limpidité. Avec la précision d’un documentariste, une grande dose d’autodérision, mais aussi une certaine angoisse sous-jacente, il parvient à faire le portrait d’un homme dont le dernier acte (se donner la mort) accomplit singulièrement toute l’œuvre.
 
 
« Quand on parle de toi, on commence par raconter ta mort, avant de remonter le temps pour l’expliquer. N’est-il pas singulier que ce geste ultime inverse ta biographie ? »

Édouard Levé, Suicide

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